MiniPod Mieux-Vivre N°6

Aujourd’hui, nous avons envie de vous parler de notre censeur intérieur.
Vous savez ? Cette petite voix critique qui murmure à notre oreille, qui rumine, interprète, juge, anticipe, à commencer par nous même. D’après le philosophe Kant : « Nous ne voyons pas les autres comme ils sont, mais comme nous sommes nous-mêmes. » Notre censeur est une des manifestation de ce que Serge Marquis, médecin québécois spécialiste du burn out, appelle notre hamster. Il est par nature critique, : “Tu n’y arriveras pas, pour qui tu te prends, tu es nul, tu vas être ridicule, personne ne va t’écouter, c’est sûr tu vas te planter, tout le monde va se moquer”…. Si on écoute cette petite voix insidieuse, alors nos capacités à entreprendre, à faire, à agir avec plaisir sont sabotées. A l’extrême, ce censeur intérieur peut même nous empêcher de profiter de la vie, comme s’il nous enfermait dans une prison invisible.
Nous avons eu, à un moment de notre vie, un censeur intérieur que nous avons réussi à apprivoiser. Quelle que soit son emprise, on peut s’en libérer.
Cette thématique du censeur intérieur nous parait essentielle : le mettre de côté, c’est une porte qui s’ouvre pour restaurer l’estime de soi érodée, pour gagner en confiance en soi, en liberté d’être, pour trouver ou retrouver plaisir et sens dans nos expériences de vie.
Nous vous proposons une approche en cinq points pour comprendre son mécanisme, l’apprivoiser et le mettre à distance une bonne fois pour toute.
- Prendre conscience de votre censeur intérieur
- Prendre conscience de la personne qui parle en vous par l’intermédiaire de votre censeur
- Reprendre le pouvoir sur votre censeur intérieur
- Ancrer les expériences de libération dans votre vie quotidienne
- Faire de votre censeur un allié.
Aujourd’hui, nous aborderons les deux premières clés et la semaine prochaine nous parlerons des trois dernières. Nous vous invitons à commencer par expérimenter les deux premières avant d’explorer les trois dernières.
- Prendre conscience de votre censeur intérieur
Il n’est pas aisé de se rendre compte que l’on est sous pilote automatique, tant nos pensées sont omniprésentes. Notre censeur intérieur se camoufle parmi nos pensées automatiques. Il y a plusieurs portes d’entrée possible pour le débusquer :
- 1ère porte de nature émotionnelle : sentiment d’inconfort, de malaise, de tristesse sans raison particulière. Sentiment d’insatisfaction vis à vis de soi, énergie basse, lassitude
- 2ème porte, corporelle : sensation d’avoir une boule dans la gorge, ou dans au ventre, de se sentir fatiguée sans raison particulière
- 3ème porte : une estime de soi, une confiance en soi érodées de façon chronique. L’estime de soi correspond à l’image de soi ; le manque de confiance en soi correspond à la perception limitée de ses compétences, de sa capacité à entreprendre, à agir.
Si vous vous reconnaissez dans ces inconforts, dans ces difficultés là, cela vaut la peine de vous interroger sur leur source. Si vous constatez que le dénominateur commun est une conversation intérieure négative vis à vis de vous même, avec des jugements, des critiques, pas de doute vous êtes sous l’emprise de votre censeur intérieur.
– Nous vous invitons alors à lui donner la parole, en conscience. Installez-vous dans un endroit confortable, tranquille, seule, avec du temps devant vous. Avec beaucoup de douceur parce que ce n’est pas simple, nous vous invitons à laisser parler votre censeur : ce qu’il pense de vous par exemple, ou de votre incapacité à faire bien, ou alors ce qu’il ne vous autorise pas à faire. Cela peut etre dans le domaine professionnel ou personnel : par exemple prendre la parole en public, réussir un challenge sportif, porter une robe sexy,….Et là, laisser venir ce qui vient, sans réfléchir, sans auto-censure. Donner la parole à votre censeur, laissez-le s’exprimer sans entrave avec ses propres mots, que ce soit sous forme de reproches, de critiques, de jugements . Et même, à l’extrême, d’insultes.
- Première variante : parlez à voix haute en vous enregistrant.
- Deuxième variante : écrivez à la première personne du singulier en « je » : écrivez librement, spontanément ce qui vient, comme en écriture automatique. S’il y a des redites, ce n’est pas grave. Ecrivez jusqu’à ce que vous n’ayez plus rien à dire. Peut-être que vous écrirez quelques lignes, peut-être quelques pages.
Ce qui compte, c’est laisser votre petite voix intérieure suivre librement son flot, sans filtre, jusqu’à ce que plus rien ne vienne.
Lorsque vous avez terminé, faites une pause bien-être, même courte : mangez un carré de chocolat, buvez une tasse de thé, sentez le parfum d’une fleur. Savourez en conscience en prenant quelques respirations profondes. Si vous disposez de plus de temps, allez marcher dans un parc, écoutez de la musique, faites du sport, bref, faites ce qui vous procure un sentiment de plaisir et de bien être.
– Puis, lorsque c’est le bon moment pour vous, réinstallez-vous confortablement et avec une infinie bienveillance, écoutez l‘enregistrement ou lisez votre texte, comme s’il émanait d’une personne extérieure à vous : vous serez sans doute frappée par sa dureté, sa mauvaise foi, sa méchanceté, peut-être même par sa violence. Laissez-vous pleinement traverser par les émotions qui viennent ; qu’il s’agisse de tristesse, de colère, de peur, accueillez-les. Si vous pleurez, pleurez sans retenue. Sans honte. Plus vous vous autorisez à ressentir profondément l’émotion présente, aussi inconfortable soit elle, plus vous pouvez vous en libérer. Vous pouvez aussi vous prendre dans vos bras, comme si vous berciez un enfant malheureux. Sans jugement. Sans écouter votre censeur qui sera probablement dans la résistance en vous murmurant des : « Tu es ridicule », « A ton âge ! » « N’importe quoi ! » Surtout, n’écoutez pas cette petite voix négative, laissez-là vous traverser pour revenir à votre émotion du moment. Si cette 1ere étape s’avère trop douloureuse, alors reprenez le cours de votre vie, fermez symboliquement cette parenthèse, pour l’instant. Vous reprendrez quand ce sera possible pour vous.
Si vous ressentez une envie de soutien, ne restez pas seule, téléphonez ou voyez des amis de bien, c’est à dire des amis dignes de confiance, capables de vous écouter sans jugement, avec bienveillance et affection. Si vous avez besoin d’être seule, écoutez une musique apaisante, dessinez, allez vous promener dans la nature. Ce qui compte, c’est de prendre soin de vous, de vous porter un regard doux parce que cette première étape demande du courage, elle n’est pas simple.
Peut être vous faudra t’il quelques jours pour évacuer les émotions inconfortables traversées. Si elles s’installent plus durablement, ou alors si elles sont intenses, alors nous vous conseillons de faire appel à un thérapeute professionnel.
– 2eme étape : Prendre conscience de qui parle en vous par l’intermédiaire de votre censeur intérieur.
Un rappel pour commencer : nous sommes pour partie le fruit de notre éducation, de nos valeurs, de notre culture familiale, sociale.
En reprenant votre enregistrement, votre écrit, et en faisant le lien avec votre système éducatif, les valeurs qui vous ont été inculquées, voyez, sans jugement, qui pourrait s’exprimer par la voix de votre censeur. Pour se faire ne réfléchissez pas. Voyez si l’image d’une ou de plusieurs personnes émergent spontanément à votre esprit. Cela pourrait-être celle d’un parent sévère lorsque vous étiez enfant, lui-même prisonnier de sa propre éducation, de ses valeurs. Par exemple l’image d’un père trop sévère. Ou d’une mère trop stricte ? Quelqu’un d’autre : un membre de votre famille ? Un professeur… ? Ne les jugez pas, ne les condamnez pas. Il est probable qu’ils aient agi avec des intentions positives. Cela serait vain, votre énergie serait focalisée au mauvais endroit. Au contraire, conservez-la pour vous. Comprendre qui parle en vous par cette voix du censeur, c’est prendre conscience que cette voix ne vous appartient pas : elle est une émanation de votre éducation, et dans ce cas il faut comprendre qu’elle vous a été utile pour vous construire, pour vous structurer. Mais l’adulte que vous êtes devenue peut s’en libérer.
Il y a une deuxième source possible à la voix du censeur intérieur : il est une construction mentale de notre Égo. L’égo peut être défini comme la représentation, la conscience que l’on se fait de soi-même. Cette représentation, cette conscience que nous avons de nous-même s’est progressivement construite en fonction de nos expériences de vie pendant l’enfance, l’adolescence, jeune adulte. L’Égo c’est un peu comme le tuteur qui nous a permis de nous construire, de prendre conscience de notre singularité. En ce sens il nous a été utile.
Mais l’Égo, c’est aussi ce désir de nous montrer sous notre meilleur jour, d’être comme en représentation. Mélange d’orgueil, de vanité, de fierté, il cherche à protéger notre identité telle qu’il la perçoit, notre image telle qu’il la voudrait . Il les protège de tout ce qu’il pressent comme menaces, dangers potentiels. Quand nous sommes dans la résistance, dans le jugement, dans la comparaison, dans l’identification, dans une forme d’avidité, notre Égo est aux commandes.
A l’inverse, nous en sommes libérés quand nous sommes dans l’acceptation, dans l’amour, dans la bienveillance, dans l’accueil de ce qui est. Dans ces cas là, nous sommes en capacité de nous porter un regard aimant, nous nous sentons apaisés en tranquillité de coeur et d’esprit. Si nous ne réussissons pas quelque chose comme nous l’aurions souhaité, nous en sommes bien sur désolés, peut-être attristés, mais nous ne sous sentons pas affaiblis ou remis en cause pour autant. Nous en tirons des leçons, sans que notre estime de nous-même ou nos compétences, notre capacité a faire, autrement dit notre confiance en nous-même ne soient amoindries.
A titre d’exemple, pour bien comprendre, si j’ai une présentation orale à faire que j’appréhende, et que ma petite voix intérieure me murmure que je n’en suis pas capable, que je vais me planter, que c’est sur, untel y arriverait mieux que moi …. Probablement que mon Égo cherche alors à préserver ma dignité, ma fierté, une image lisse de moi-même. Trop dur pour lui si je ne suis pas à la hauteur de la perfection qu’il vise pour moi.
A l’inverse, si mon Égo me laisse en paix, mon censeur intérieur sera muet. Je vais pouvoir faire ma présentation orale sans me sentir entravée. Si je me trompe, je serai en capacité d’être pleinement attentive, présente. Je serai donc en capacité de rectifier, de faire de l’humour, etc
C’était la deuxième étape : prendre conscience de qui parle en vous avec la voix du censeur : la réminiscence d’une figure de censeur quand vous étiez enfant, ou votre Égo qui se rappelle à vous. Dans les deux cas, prendre conscience de cette voix en vous qui parle, c’est pouvoir la mettre à distance, vous désidentifier. Ce faisant, vous allez créer un nouvel espace, vous allez pouvoir regarder les choses au travers de prismes différents, peut-être déjà là mais sous explorés jusqu’alors, ou à créer. N’oublions pas que nous avons un pouvoir créatif immense.
Nous arrivons à la fin de notre MiniPod Mieux-Vivre.
Donc pour récapituler, les deux premières étapes pour nous libérer de notre censeur intérieur sont :
- prendre conscience du censeur intérieur et de son discours partial, excessif, inapproprié qui nous limite et nous empêche
- prendre conscience de qui parle en nous au travers de notre censeur intérieur, pour mettre cette voix à distance, et arrêter de nous identifier à elle.
N’hésitez pas à nous partager quelle place occupe aujourd’hui votre censeur intérieur ainsi que vos astuces pour l’apprivoiser sur notre page Facebook Elisabeth & Nathalie. Cela pourra donner des idées aux autres femmes qui nous écoutent.
Enfin, merci de liker ce MiniPod sur votre plateforme d’écoute pour favoriser sa diffusion et le partager aux personnes de votre entourage susceptibles d’être intéressées : un grand merci !
Nous espérons que ce mini podcast vous a plu et sera aidant pour vous. Nous vous souhaitons une très belle journée.
A bientôt 😊