
Confinement, J + 21
Ce matin, en promenant mon chien, je réfléchissais.
A toutes ces belles initiatives dont j’entends parler à la radio, à la télé, sur les réseaux sociaux.
Bakary Meité, vous connaissez, vous ?
Moi non, je n’en avais même jamais entendu parler avant ce matin, à la radio. Mais je me rappellerai désormais de cet homme, que l’on connaît si l’on est amateur de rugby. Parce que Monsieur Bakary Meité est rugbyman professionnel à Carcassonne.
Revenu du Brésil au début du confinement, il n’a pas réussi à rejoindre sa ville à temps, plus de trains disponibles. Il est donc resté « coincé » en région parisienne chez sa soeur. Lorsqu’un membre de sa famille a sollicité son neveu Zakaria pour venir l’aider comme agent de nettoyage dans les hôpitaux de Paris, où c’est difficile en ce moment de trouver des personnes volontaires, Bakary a proposé, lui aussi de venir aider. Spontanément, sans réfléchir.
Et voilà ce qu’il dit quand des journalistes l’interrogent sur son « métier » d’agent de nettoyage, dont certains ont même osé lui demander s’il ne trouvait pas ce métier « dégradant » 😳 : « Non, ce n’est pas dégradant. Parce que c’était le boulot de ma mère pendant 30 ans. Très honnêtement, c’est dur. (…) Je commence à 7h30. Quand je rentre à 14h, je fais la sieste. Je suis pas un gros dormeur d’habitude. Mais on se lève tôt et c’est assez physique. Je fais près de 10 km dans les couloirs de l’hôpital, 13.000 pas pour être exact. (…) Je reçois tellement de remerciements de la part des aides-soignantes… C’est très valorisant. (…) On parle de moi, mais au final, je ne suis pas grand-chose. Je travaille avec des gens qui font ça toute leur vie. Ce sont des gens qui sont tous d’origine étrangère et ils sont en première ligne. »
Il dit rencontrer à l’hôpital, de la part de toutes et tous, personnel médical et d’entretien « une détermination incroyable. Elles (les femmes d’entretien) font leur boulot. Dans mon service, il n’y a que des gens d’origine d’africaine, très croyants. Et ça joue. Quelque part, on est en mission. Ce que je dois faire, c’est désinfecter pour éviter qu’il y ait des microbes et des germes. C’est ma mission. Il y a des patients qui sont mieux que d’autres et qui se déplacent. Et quand je vois un patient s’aider de la rampe, je me dis : voilà, je sers à ça. C’est une mission. Et je suis fier de faire ce que je fais. Je me dis que je fais quelque chose d’utile. Quelque chose de bien.*»
Je vous avoue qu’en grande émotive, j’avais les larmes aux yeux en lisant ce témoignage d’un sportif de haut niveau, habitué des stades et de la lumière, prendre sa part avec humilité, désintérêt, dévouement.
Faire sa part. Comment prendre, moi aussi, ma part en étant confinée ?
J’ai bien proposé mon aide à la Croix Rouge, mais les antennes locales sont fermées. Alors, comment aider ?
Chaque jour, je découvre, touchée, émerveillée, amusée, des initiatives qui fleurissent partout en France et à l’étranger.
Des paroisses religieuses ou des personnes qui se mobilisent pour aider les sans-abris de leur quartier, encore plus durement éprouvés que d’habitude, ce qui n’est pas peu dire. Tous ces boulangers, ces restaurateurs anonymes ou de renom, et tant d’autres encore qui aident, à leur manière, le personnel hospitalier. Toutes les personnes qui travaillent dans la chaîne alimentaire : les agriculteurs qui travaillent sans relâche, les caissières bien entendu, et les épiciers de village, les pharmaciens, les médecins de ville. Toutes et tous, indispensables.
Alors comment aider en étant confinée ?
Tant d’imagination se déploie ici et là de personnes comme vous et moi, de comédiens, d’artistes qui créent des blagues, des chansons, des dessins pour nous faire rire, nous émouvoir et nous aider à garder une part précieuse de légèreté en dépit du contexte. Je découvre à la télé des « animateurs de balcon », qui proposent à leurs voisins des séances de sports ou des jeux de questions, mais aussi des chanteurs et musiciens amateurs ou professionnels qui improvisent un tour de chant ou un concert.
Tout cela crée du lien, nous fait du bien.
Et moi, comment aider ?
Désormais, chaque jour, j’écris 2 lettres via l’application « Une lettre, un sourire » créee et lancée par dix jeunes cousins âgés de 14 à 24 ans. Leur idée ? Concevoir une plateforme de mise en relation entre des personnes qui écrivent une lettre, font un dessin, et des résidences, des maisons de retraite, des EPHAD pour leur résidents isolés.
Rendez-vous compte : 20.000 lettres ont déjà été envoyées à près de 400.000 établissements inscrits, pour 600.000 personnes isolées.
Je me sens, moi aussi utile, et qu’est-ce que cela me fait du bien !
Et vous, comment aimeriez-vous aider ?
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Plateforme « Une lettre, un sourire » : https://1lettre1sourire.org
Si vous êtes intéressé(e), vous verrez, c’est très facile.
* extraits repris du journal RMC Sport du 31 mars 2020