MiniPod Mieux-Vivre N° 20
Trier notre mémoire

Aujourd’hui, nous avons envie de vous parler de la solitude. 
A de rares exceptions près, quand on y est confronté pour les premières fois, elle ne nous est ni naturelle, ni facile d’accès.  Pendant nos jeunes années, nous expérimentons en premier lieu le vivre ensemble au sein de notre cercle familial, même si il est réduit, ou en foyer. On expérimente donc la vie en groupe, le collectif.  Cet apprentissage est façonné par notre éducation, par les codes culturels et les valeurs qui nous sont transmises dès notre plus jeune âge. Par l’amour également dont nous sommes, ou pas, entourés et par la qualité des liens que nous avons, enfants, avec les personnes qui nous éduquent, et qui nous entourent.

Pendant cette première période de notre vie, l’initiation aux vertus de la solitude passe souvent par la pratique d’un instrument de musique, par la lecture, par le jeu. Les enfants ont un don pour s’inventer des mondes imaginaires, pour se raconter des histoires, pour jouer seuls quand on leur offre des plages de solitude, de tranquillité.

sCes expériences-là, lorsqu’elles sont choisies, sont vécues avec quiétude et bonheur. 

Les enfants d’aujourd’hui passent du temps sur les écrans, mais peut-on considérer ces moments là comme l’apprentissage d’une solitude vertueuse ? Adolescent, jeune adulte, nous sommes entourés ; nous avons alors besoin du groupe, nous nous construisons au travers du regard des autres : nos amis, nos proches. Avec les premières histoires d’amour nous expérimentons la relation de couple.  Puis vient l’envol : de plus en plus de jeunes sont tentés par la colocation, nouvelle expérience de groupe. Les études, les premières expériences professionnelles, les petits boulots, les stages, sont encore des expériences du collectif. 

Qu’il soit choisi ou subi, notre premier contact avec la solitude peut donc être une expérience inconfortable, voire douloureuse, âpre parce que pour nombre d’entre nous, rien ne nous y a vraiment préparés. 
Notre quotidien a été bouleversé par la covid et la solitude ;  l’isolement s’est parfois imposé à nous avec beaucoup de brutalité :  le premier confinement strict, la fermeture des universités et des grandes écoles pour les étudiants, le télétravail ont pu s’avérer être une expérience douloureuse, voire traumatisante quand l’isolement dure, sans échéance précise. Et rebelote avec les épisodes de confinement suivants, pour les personnes seules, qui se sont vues imposer du télétravail non choisi. Autre situation douloureuse, voire traumatique quand on découvre soudain la solitude au détour d’une séparation, d’une rupture, d’un deuil, ou encore d’un licenciement : le désarroi peut être immense, avec beaucoup de souffrance, de stress, d’angoisses.

En dépit de ces situations là, douloureuses, la solitude s’apprivoise. Elle recèle alors de nombreuses vertus, elle favorise des joies profondes. Elle nous met en relation avec nous-même, elle nous permet de découvrir, de renforcer ce vaste espace qu’est notre intériorité. 

Quand on parvient à cet état là, nous nous connectons, presque naturellement, à la richesse de la solitude. 
Odile Chabrillac, auteur de « Âme de sorcière ou la magie du féminin”, paru en 2019, évoque la richesse de la solitude avec beaucoup de profondeur et de poésie. Voilà ce qu’elle en dit (p. 170) : 
 » Le passage, l’entrée en solitude est difficile à accepter. On peut la vivre comme un rejet, une honte, un échec – ai-je donc si peu d’importance pour les autres qu’ils me laissent ainsi me retirer, m’en aller du jeu, m’isoler loin d’eux ? L’enfant au coeur de nous trépigne et crie, réagit dans tous les cas. Souvenirs blessés de solitudes enfantines que l’on avait pas choisies. »
 » Etre seul. Sortir du brouhaha du quotidien et du divertissement du monde. Chercher son essentiel, c’est à dire, littéralement, « ce qui constitue son essence » et que l’on ignore très souvent. La solitude, la vraie, va nous permettre d’y accéder sans tricher. Renoncer (un temps) à toutes ces relations qui peuvent constituer autant de chaînes si l’on n’y prend pas garde, si l’on ne fait pas attention. Quitter le dire, le faire, l’espace de représentation. Rentrer en soi presque malgré soi car nos résistances à nous isoler sont nombreuses et puissantes. »

Profiter de la solitude, ne plus la vivre comme un fardeau mais plutôt comme un cadeau : quelle perspective pleine de promesses !

Comment faire de la solitude une alliée, ne plus la subir mais plutôt la choisir comme une alternative joyeuse et vivante ? Pour y tendre, nous vous proposons  5 pistes concrètes.  

1- Aller à la rencontre de la solitude comme une expérimentation

Pour les personnes qui ont rarement l’occasion d’être seules, qui s’entourent le plus souvent possible pour éviter cette impression d’abandon qu’elles ressentent alors, nous proposons d’aborder la solitude comme une expérimentation, comme une expérience parmi tant d’autres. 

L’objectif ici, c’est de réaliser une activité, de vivre un moment seule comme un choix que l’on fait en conscience. Et à la fin de celle-ci, d’évaluer sur une échelle de 1 à 10 à quel point cette expérience a été agréable, neutre, ou désagréable. 1 étant une expérience très désagréable, 5 expérience neutre, cad ni agréable, ni désagréable, 10  très agréable. Et de voir, dans le temps, si la perception de l’expérience évolue dans un sens ou dans un autre, et surtout ce qui lui a permis d’évoluer.

L’objectif ? Mieux cerner vos propres besoins pour rendre l’expérience de la solitude agréable, voire joyeuse dans le temps.

Notre invitation, choisissez de faire une activité seule, alors que vous la faites habituellement à deux ou avec d’autres personnes ;  il arrive régulièrement que l’on ait envie d’une ballade, d’un ciné, d’un restau. Et si vous décidiez de la réaliser seule, sans proposer à votre entourage de vous accompagner ? La première fois cela sera peut s’avérer inconfortable, déstabilisant. 

Mais vous pouvez découvrir des moments, des micros moments agréables. Vous pouvez également décider de fixer votre attention sur des choses auxquelles vous ne faites pas attention habituellement : les parfums, les bruits qui vous entourent. Par exemple, en étant plus sensible à la saveur des aliments que vous dégustez, en observant ce qui se passe autour de vous avec plus d’acuité, en étant plus sensible aux parfums etc.

Plus vous serez consciente de tous ces petits riens, plus vos sens, vos sensations corporelles (le chaud, le froid, ) seront sollicités, et moins votre petite voix intérieure commentera négativement votre expérience. Au début, choisissez des activités brèves. Puis recommencez, multipliez des expériences diverses, et prenez conscience de ce qui vous plaît, ce qui vous nourrit.  Apprécier des moments de solitude, c’est gagner un peu plus d’indépendance, d’autonomie. Et de liberté.

 2- Fréquenter la nature (*)

La nature a un pouvoir relaxant, apaisant. Elle exacerbe le plaisir des sens : respirer le parfum d’une fleur, admirer un beau paysage, caresser une feuille lisse ou duveteuse, écouter le chant des oiseaux. Tout cela fait du bien à l’âme. Lorsque je suis triste, mélancolique, je sais qu’en focalisant mon attention sur la nature, simplement, sans commenter mes états d’âme qui passent, je vais retrouver apaisement et tranquillité d’esprit.  Comme si la beauté et la simplicité de la nature nettoyaient mes émotions inconfortables et laissaient place à un beau soleil intérieur.

3- Dépasser nos conditionnements, nos représentations de la solitude

Elle n’est pas valorisée dans notre inconscient collectif. Quand on est jeune, être populaire, c’est être entouré. Le looser est seul, celui qui n’a pas de copains.

Or, être seule, par choix ou par nécessité, n’est pas une tare. Cela ne change en rien notre valeur personnelle ou notre valeur sociale. C’est donc important d’être au clair sur la représentation que nous nous faisons de la solitude, pour sortir de schémas prédéfinis qui nous enferment, qui nous limitent. Et qui pervertissent notre vécu de la solitude. Notre conditionnement prend souvent la voix de notre petit censeur intérieur qui nous murmure à l’oreille des messages dévalorisants : “Quoi, à ton âge, tu es encore seule ? Toutes tes copines vivent en couple et toi, tu es seule ! “Si tu avais plus d’amies tu pourrais aller au cinéma, faire du théâtre etc  accompagnée …. Alors que là, toute seule ….. ”  

Alors comment faire pour sortir de ces schémas-là ?
Notre
 première invitation : prendre conscience de cette petite voix intérieure. Si nous n’en avons pas conscience, nous vivons sous sa tyranie, malgré nous.

Deuxième invitation : écouter, entendre ce que cette petit voix a à nous dire. Elle peut prendre la forme d’un censeur intérieur* qui parle de nos peurs d’enfant.  

Pour en revenir à la solitude, et plus précisément à nos conditionnements liés à solitude, il y a une croyance erronée tenace : celle de croire que lorsque l’on est en couple, alors on n’est plus seule. Même en couple, même en famille, il y a des moments où nous nous retrouvons seuls, ou nous nous sentons seuls ;  ces instants-là sont inhérents à notre condition humaine. Ils nous invitent à  nous retrouver, à nous reconnecter à notre intériorité, à notre jardin intérieur.

4- Profiter d’être seule pour prendre soin de soi, se faire plaisir, s’accorder des temps de qualité

Lorsqu’on se retrouve seule et qu’on le vit mal, on peut être tenté par un remplissage : un trop plein d’écrans, de grignotage. Ou d’alcool, de cigarettes, de sexe … comme pour combler un vide, un manque. Mais toutes ces béquilles ne résolvent rien, bien au contraire. Elles ne servent qu’à masquer temporairement, avec plus ou moins d’efficacité, un mal-être, qui risque de revienir, voire de s’amplifier au fil du temps.  

Prendre soin de soi, c’est davantage se faire plaisir avec des activités que l’on aime réaliser,  qui nous procurent un bien-être profond. Par exemple, jouer d’un instrument de musique, dessiner ou peindre, tricoter, cuisiner procurent de belles sensations. Les domaines artistiques et créatifs nous donnent accès à des joies profondes, à des moments de grande fierté ; on peut avoir le sentiment de se réaliser quand on réussit quelque chose de particulièrement difficile, quand on obtient  un résultat qui nous paraissait inaccessible. 

En pratiquant une activité que l’on aime vraiment, dans laquelle on s’épanouit et nous fait perdre la notion du temps. La psychologie positive appelle cet état le flow, qui pourrait être défini comme l’état mental que l’on atteint lorsque nous sommes complètement plongées dans une activité, pleinement concentrées, engagées, avec une sensation de satisfaction profonde dans son accomplissement.  

On peut aussi profiter d’être seule pour prendre soin de notre corps : un bon bain moussant, se masser les pieds ou les jambes, se faire les ongles, se faire belle. Autant d’expériences sensorielles sources de plaisir que nous avons tendance à mettre de côté lorsqu’on a un quotidien prenant. Et pourtant, se fixer, un rendez-vous avec soi-même, rien qu’avec soi pour s’occuper de soi, quel beau cadeau nous nous faisons là ! 

Enfin, prendre soin de soi, c’est aussi savoir se mettre en pause : s’autoriser à ne rien faire, se reposer, rêvasser, en goûtant ce temps en creux si précieux, si  ressourçant. Ce qui compte alors, c’est être présent à soi, profiter de cet instant en conscience, sans culpabilité, sans penser à tout ce que nous pourrions, ou nous devrions faire.

5- Enfin, ne pas confondre solitude et isolement.

Être isolé, c’est se tenir loin des autres, loin du monde. A l’écart. Dans l’isolement, il y a une idée d’éloignement géographique. La solitude est davantage un état, tant il est vrai que l’on peut se sentir seul, même au milieu des autres. La solitude peut se cultiver et s’interrompre lorsqu’on le choisit. Je fais abstraction ici du confinement qui s’impose à nous, qui peut justement nous isoler un temps des autres. D’où l’importance alors d’apprivoiser notre solitude pour en faire un moment d’apaisement, de quiétude. 

D’expérience, je sais que plus je profite de moments de solitude qui m’apaisent, qui me font du bien, qui me permettent de me retrouver, et plus j’apprécie de me retrouver en compagnie des autres, de profiter avec joie de leur présence.  Aujourd’hui, j’ai besoin de l’alternance de moments solitaires et de moments où je suis entourée pour me sentir bien, en paix. 

Donc pour récapituler : 

  1. Aller à la rencontre de la solitude comme une expérimentation,
  2. Fréquenter la nature, 
  3. Dépasser ses conditionnements, ses croyances en lien avec la solitude
  4. Profiter de moments seuls pour pendre soin de soi, pour se faire plaisir, s’accorder moments de qualité
  5. Ne pas confondre solitude et isolement.

Si vous avez envie d’aller plus loin nous vous proposons 2 lectures vivifiantes

  • “Ame de sorcière ou la magie du féminin”, par Odile Chabrillac
  • “ A la rencontre de nos vies intérieures”. Dans ce livre, le journaliste Patrice van Eersel interviewe des personnes inspirantes sur leurs propres expériences de ce qu’est la vie intérieure. 

N’hésitez pas à nous partager comment vous, vous  vivez la solitude, ce que vous mettez en pratique pour l’apprivoiser, pour en faire une expérience agréable et sur ce qu’elle vous apporte sur notre page  Facebook Elisabeth&Nathalie  Cela pourra donner des idées aux autres femmes qui nous écoutent.

Enfin, n’hésitez pas à partager cet article aux personnes de votre entourage qui souffrent de la solitude, cela pourrait les aider. Un grand merci pour elles ! 😊

Nous vous souhaitons une très belle journée.

A bientôt   

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* Les  podcasts N° 6 & 7 “Je me libère de mon censeur intérieur » ICI & ICI abordent la thématique du censeur intérieur ; quant à notre Podcast  N°11, il s’intéresse à “L’envers de la peur… Désirs et amour”  ICI 

 

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par Elisabeth & Nathalie

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